a href= »https://viedesprit.wordpress.com/discours-preliminaire/300px-1/ » rel= »attachment wp-att-199″>300PX-~1Discours
préliminaire
,
ou l’on donne quelques instructions sur la lecture de l’Ecriture Sainte.
1.
Réflexion
sur la lecture Sainte .
Que cette lecture est fort négligée
PAR J. F OSTERVALD (1621-1682)
PASTEUR DE L’EGLISE DE NEUCHATEL

D’abord on ne peu s’empêcher de déplorer la négligence de tant de personnes qui ne lisent point l’Écriture-Sainte . On ne parlera pas ici de cette multitude innombrable de chrétien, parmi lesquels la Bible est un livre presqu’entièrement inconnu , les conducteurs n’en permettant la lecture qu’à de certaines personnes et avec de grandes précautions , comme s’il y avait du danger de mettre la parole de Dieu entre les mains de tout le monde . Mais sans entrer dans ces considérations, on se contentera de dire que parmi ceux là même à qui l’on recommande la lecture des livres Saints , le plus grand nombre ne s’y applique point .Il est vrai que plusieurs ne sont pas en état de le faire, n’ayant pas appris à lire; c’est là un grand mal , et il honteux aux chrétiens que le nombre de ceux qui ne savent pas lire ait été jusqu’ici si grand parmi eux .
On peu dire encore, que bien des gens ne lisent pas la parole de Dieu, parce qu’étant pauvres , ils ne peuvent se procurer le Divin livre .Ce serait à ceux à qui Dieu a donné du bien, d’y pouvoir, en consacrant quelque partie à un usage aussi pieux que le serait celui de fournir des bibles à ces gens là . On pourrait ajouter, d’un grand nombre de domestique , et d’autres personnes qui sont en service, ne peuvent vaquer à cette lecture , qui leur serai pourtant si nécessaire; parce que leurs maîtres ne leur donnent pas le temps. Mais on ne serait assez condamner tant de chrétiens qui sont en état de lire la parole de Dieu , et qui daignent pas le faire.
Que cette négligence
est très condamnable.
Dieu, par un effet de sa profonde sagesse et de sa grande bonté, a fourni aux hommes un moyen très parfait, de s’instruire ; c’est la révélation . Il a inspiré les prophètes et les apôtres , et il a voulu que leurs écrits fussent conservés , afin que la vérité y subsistât toujours dans toute sa pureté, et qu’elle ne fût pas altérée par l’oubli , par l’inconstance, par la négligence et par la malice des hommes .
Ainsi l’Ecriture est le don le plus précieux que Dieu nous ait fait, avec celui de son fils ; c’est un trésor où il a mis tout ce qui peut nous enrichir et nous rendre heureux. Ne faut-il pas faire bien peu d’estime de Dieu et de ses dons, pour ne pas se prévaloir de celui-ci? Et ne faut-il être bien présomptueux, pour s’imaginer qu’on peut se passer d’un secours que Dieu lui-même a jugé si nécessaire?
Les premiers chrétiens faisaient usage ordinaire de l’Ecriture Sainte; et comme elle était lue régulièrement dans leurs assemblées , ils lisaient avec beaucoup d’assiduité dans leurs famille. Mais dans la suite à mesure que l’ignorance et la superstition s’introduisaient, on abandonna l’Ecriture. On n’en donna plus de connaissance au peuple; on conserva bien la coutume d’en lire quelque portions dans l’église, mais cette lecture se faisant en langue que le peuple n’entendait pas, elle était absolument inutile. Enfin l’usage particulier de la parole de Dieu cessa entièrement; en sorte que cette divine lumière fut comme éteinte pendant plusieurs siècles . Il y a environ deux cent ans qu’elle fût tirée de dessous le boisseau où elle avait été cachée si longtemps .
En divers lieux de la chrétienté le peuple fut rétabli dans le droit de lire l’Ecriture ; mais la plupart de ceux qui pourraient jouir de ce droit , ne s’en prévalent pas .

Les maux qui arrivent
de cette négligence .
C’est cette indifférence que l’on a pour la lecture des livres sacrés, que procède l’ignorance dans laquelle le commun des chrétiens sont engagés . C’est ce qui fait qu’ils n’ont que des connaissances fort superficielles des vérités et des devoirs du christianisme , et que plusieurs en ont même des idées tout-à fait fausses . C’est la source de tant d’erreur qui sont en vogues, et de tant de sentiments libertins et impies qui se répandent de plus en plus ; car dès qu’on laisse là l’Ecriture, qui est l’unique règle de notre foi, pour suivre ses propres raisonnements , on ne peut manquer de s’égarer. C’est pour avoir abandonné l’Ecriture, qu’on a vu en divers lieux des personnes qui se croient , et parvenues au plus haut degré de la piété et de la perfection tomber dans les sentiments les plus extravaguant , et même quelquefois les plus contraires à la pureté des mœurs. C’est enfin à cette même cause que l’on doit attribuer le relâchement et la vie toute charnelle et toute mondaine des chrétiens . Tout cela vient de ce qu’on ne lit pas l’Ecriture Sainte , et qu’on en fait pas l’usage pour lequel elle nous a été donnée.
Il est vrai qu’on pourrait suppléer en quelque manière à cette négligence des chrétiens en faisant lire la parole de Dieu dans les assemblées religieuses. Et si l’on s’étonne de ce que le peuple ne la lit pas, il y a encore plus de quoi s’étonner que, pendant si longtemps , on n’ait pas pensé à rendre à la lecture des livres Saints le rang qu’elle a toujours tenu dans le culte public, tant parmi les Juifs que parmi les chrétiens . Mais quand même l’Ecriture serait lu régulièrement dans l’église, cela ne suffirait pas, à moins que les chrétiens ne la lussent aussi dans leurs maisons . Les déclarations formelles de la parole de Dieu, la pratique de l’église , tant fous le vieux que fous le nouveau testament , et plusieurs raisons que ce n’est pas ici le lieu de rapporter , établissent cette nécessité . La lecture particulière a même des avantages que la lecture publique n’a pas . En lisant en particulier on peut lire plus à loisir , considérer les choses avec plus d’attention , y revenir plus d’une fois, et s’en faire une plus juste application . C’est aussi le moyen de mieux profiter de ce qu’on entend en public ; n’étant pas possible de bien comprendre se qui se dit dans les instructions publiques et dans les semons , lorsqu’on procède pas l’Ecriture. Outre cela, la lecture particulière nourrit la piété et la dévotion; mais ceux qui n’négligent cette l’lecture, tombent infailliblement dans l’indifférence et dans le dégoût pour les choses divines : ce qui ne peut être suivi que le relâchement dans les devoirs de la piété, et l’abandons à ses passions.
2
Des livres de l’Ecriture Sainte.
Des livres du vieux testament, et de leur utilité
Rm 15.4
1 Cor 10.11
Jean. 5.39

Pour passer maintenant à la manière dont l’Ecriture doit-être lue, on fera aussi quelques réflexions: premièrement, sur les livres de l’Ecriture Sainte, et sur les différentes parties; et en second lieu, sur les dispositions qu’il faut apporter à cette lecture .
1. Chacun sait que l’Ecriture comprend le vieux et le nouveau testament pour ce qui est des livres du vieux testament qui ont été écrits avant la venue de Jésus-Christ, comme c’est la partie de la Bible qu’on lit le moins et que même une infinité de personnes ne la lisent pas du tout, il est nécessaire de montrer ici l’utilité de ces livres là . On se tromperait fort de croire qu’ils n’ aient été donnés que pour les Juifs, et leur utilité ait cessé par rapport aux chrétiens . Saint Paul dit: que toutes les choses ont été écrites autrefois, ont été écrites pour notre instruction . Parlant de ce qui était arrivé au peuple d’Israël, il dit: que ces choses sont des exemples pour nous, et qu’elles ont été écrites pour nous instruire , nous qui sommes parvenus aux derniers temps .Jésus-Christ lui-même exhorte ses disciples à sonder les Ecritures, car dit-il, c’est par elle que vous croyez avoir la vie éternelle et se sont elles qui rendent témoignage de moi.
Quand notre Seigneur parle ainsi, il recommande la lecture et la méditation des écrits de Moïse et des prophètes; et c’est ce qu’il fait en plusieurs autres endroits. C’est de la connaissance de ce qui est rapporté dans ces écrits, que dépend l’intelligence des principaux articles de la religion chrétienne . On en a une preuve bien forte et bien remarquable dans les citations continuelles que Jésus-Christ et les apôtres sont des histoires, des oracles et des passages du vieux testament; il faut faire attention à ce que ces livres contiennent . Il y en a de trois sortes , savoir, des livres historiques, des livres dogmatiques et moraux, et des livres prophétiques . Les livres historiques sont les premiers en ordre . Ils commencent par la Genèse et finissent au livre d’Esther . On les appel historiques, parce qu’à la réserve de quelques endroits des livre de Moïse qui contiennent les lois que Dieu avait donné aux Juifs , on y trouve des histoires.
2
On y voit ce qui est arrivé de considérable dans le monde, par rapport à la religion et au peuple de Dieu , depuis la création jusqu’au retour de la captivité de Babylone. C’est par ces livres qu’il faut commencer. Il est remarqué sur ce sujet que Dieu a voulu d’abord instruire son église par l’histoire . Cette manière d’instruire est la plus simple et la plus claire; elles est proportionnée à la portée de tout le monde. Lest histoires sont toujours plus faciles à comprendre et à retenir; les enfants même les entendent sans peine; et c’est aussi par-là qu’on doit jeter les fondements de leur instruction . D’ailleurs c’est sur l’histoire et sur des faits que toute religion est fondée ; c’est de l’histoire que l’on tire des preuves invincibles de la vérité et de la divinité de l’Ecriture . Outre cela, les histoires du vieux testament renferment les doctrines et les devoirs de la religion . Elles nous proposent plusieurs beaux exemples, ou nous pouvons considérer la providence de Dieu, sa sagesse ,sa bonté, sa justice, son amour envers les gens de bien, sa colère sur ceux qui l’offensent . Le chapitre 11de l’épitre aux Hébreux et remarquable à ce sujet Saint Paul voulant montrer quelle est la nature de la foi ,et quels en sont les effets, rassemble dans ce chapitre les exemples de foi , d’obéissance et de confiance, que l’on trouve dans la vie des patriarches et des personnes illustres qui ont vécu avant Jésus-Christ . Par où l’on peut reconnaitre combien la lecture et la méditation des histoires du vieux testament est utile aux chrétiens.
Les livres du vieux testament qu’on appel dogmatique et moraux, sont le livre de Job, les psaumes, et les écrits de Salomon . Ces livres ne sont pas-tout- à -fait si clairs que les livres historiques .On trouve, par exemple, dans le livre de Job et dans les proverbes quelques endroits dont le sens n’est pas aisé à découvrir ; ce qui vient le plus souvent du défaut des versions, et de la difficulté qu’il y a d’examiner dans les langues de notre temps, des sentences extrêmement concises et des manières de parler figurées et fort différentes des nôtres. Mais si ces livres ont quelque obscurité dans ces endroits-là, cela n’empêche pas qu’on ne puisse les lire avec un grand fruit .
En général, on y trouve ces trois choses; la doctrine, la morale, et les sentiments de dévotion et de piété. On y voit les principales doctrines de la religion , telles que sont celles-ci: Qu’il y a un Dieu, créateur du monde; et que c’est lui qui gouverne tout par sa providence, qui dispense les biens et les maux, qui protège les gens de bien et qui punit les méchants; que ce Dieu tout juste rendra à chacun selon ses œuvres; et d’autres doctrine semblables, qui sont proposées dans ces livres, et particulièrement dans celui de Job, et dans les Psaumes , avec beaucoup de clarté, et soutenues par exemples très -instructifs.
2. Ces livres contiennent d’admirables maximes de morale, et des préceptes fort utiles sur les principaux devoirs de la religion , sur la justice, sur la charité, sur la pureté et la tempérance, sur la patience et sur les autres vertus.
3. On y trouve, et surtout dans les Psaumes, les plus beaux sentiments de piété, et d’excellents modèles de dévotion . On y voit combien nous devons êtres touchés de la grandeur de Dieu ; avec quel respect il faut adorer cet être suprême; avec quelle attention et quel plaisir ont doit méditer les meilleurs ouvrages de la création et de la providence; avec quelle ardeur et quelle reconnaissance nous devons célébrer ses perfections, et le remercier de ses bienfaits; l’estime que nous devons faire des Saintes lois du Seigneur, et les avantages incomparables que la piété procure à ceux qui s’y adonnent . Nous y apprenons à nous confier en Dieu, à l’invoquer dans l’adversité, à nous soumettre avec résignation à sa volonté, et a recourir à sa miséricorde par la repentance, quand nous l’avons offensé . Ainsi la lecture de ces livres-là est très propre pour diriger et pour enflammer la dévotion.
Les livres prophétiques sont des écrits des prophètes, depuis Esaïe jusqu’à Malachie. On les nomme prophétiques, parce qu’ils contiennent principalement des prophéties, ou des prédictions . Ce n’est pas qu’il n’y ait dans ces livres, des histoires très-remarquables, comme dans Jérémie, dans Daniel , et dans Jonas, et qu’ils ne renferment aussi diverses instructions morales telles que sont les exhortations et les remontrances des prophètes. Mais les prophéties sont la principale partie de ces livres là. C’est prophéties sont de trois sortes : Ils y en a qui regardent Jésus-Christ et l’église chrétienne; il y en a d’autres qui concernent les Juifs ;il y a enfin qui marquent ce qui doit arriver aux autres peuples, et dans les empires du monde .
*Quand on lit ces oracles des prophètes, on y trouve d’abord l’obscurité; mais cela ne doit pas surprendre . Il faut considérer premièrement, que toute prophétie doit être obscure, au moins à certains égards, avant l’avènement . Non-seulement il n’était pas nécessaire, pour le salut des fidèles de ce temps-là, que ces oracles fussent clairs pour eux , et qu’ils entendirent parfaitement ; mais le sens en a dû être caché . La profonde sagesse de Dieu, et les merveilles de sa providence, paraissent avec bien plus d’éclat, quand on fait réflexion qu’il a accompli ses desseins, et prédiction des prophètes, sans que les hommes le sussent, et par les moyens auxquels personne n’aurait pensé. D’ailleurs si ces prédictions eussent été tout-à-fait claire dans toutes leurs circonstances, les hommes auraient pu mettre des obstacles à l’exécution des desseins de Dieu, à moins qu’il n’eut fait miracles continuels, et changé l’ordre du monde . Ainsi , c’est avec une grande sagesse qu’il a répandu quelque ‘obscurité sur les prophéties.
Il faut savoir après cela, que ce qui était autrefois obscur est devenu clair par l’événement .La plupart des oracles qui regardaient la venue du Seigneur Jésus, ses souffrances, son règne, la réjection des Juifs , et la vocation des gentils sont maintenant faciles à entendre . Les prédictions qui se rapportaient aux Juifs, et qui marquaient la ruine de Jérusalem et leur dispersion, qui devait arriver , premièrement par les Assyriens et les Babyloniens, et ensuite par les Romains , peu après la venue de notre Seigneur , ces prédictions-là n’ont aucun embarras, l’évènement les ayant parfaitement éclaircies . Pour ce qui est de celles qui concernaient les autres peuples, et les empires du monde , telles que sont les prophéties d’Esaïe , depuis le chapitre 13, et les célèbres prédictions de Daniel, elles sont plus difficiles à entendre, parce que la plupart de ceux qui les lisent ne savent pas qui cette histoire de ces peuples et de ces temps là ; mais elles sont tout-à fait claires pour ceux à qui cette histoire est connue. Outre cette obscurité, qui vient des choses même dons les prophètes parlent , il y en a une autre qui nait du style de ces hommes divinement inspirés. Ils s’exprimaient d’une manière figurée , ils employaient diverses images, et de façons de parler fort éloignées de l’usage de notre temps . Mais avec quelque secours, tel qu’est celui qu’on a tâché de donner dans cet ouvrage, et dès qu’on est un peu accoutumé au langage des prophètes, on peu aisément voir ce qu’ils veulent dire .
Après tout, s’il y a des endroits dans leurs écrits que l’on ne comprenne pas bien , on peut , sans préjudice du salut en ignorer le sens . Mais on a grand tort de négliger, comme on fait, la lecture des prophéties . Si les chrétiens les lisaient et les méditaient , ils verraient sortir la lumière qui les frapperaient; ils y découvriraient des beautés qui leur sont inconnues, et ils se sentiraient tout autrement pénétrés de la vérité et de l’excellence de la religion qu’ils ne le sont.
En effet, on ne saurait rien imaginer, qui puisse nous convaincre avec plus d’évidence et avec plus de force, qu’il y a un Dieu qui conduit toutes choses, et qui nous parle dans les Ecriture, que ses prophéties si anciennes, qui étaient déjà entre les mains de Juifs, telles que nous les avons , plusieurs siècles avant la venue de notre Seigneur, et qui ont été si exactement accomplit . C’est pourquoi Saint-Pierre recommande aux Chrétiens la lecture et la méditation des prophéties, comme un moyen tout-à-fait propre à affermir leur foi . Nous aussi, dit-il , la parole des prophètes, qui est très ferme, à laquelle vous faites bien de vous attacher, comme une lampe qui éclairait dans un lieu obscur , en attendant que le jour vient luire , et que l’étoile de matin se levât dans vos cœurs . 2. Pierre 1.19

Le nouveau testament est la partie de l’Ecriture dont il importe le plus aux chrétiens d’avoir la connaissance . A comparer le vieux testament avec le nouveau, ce dernier est le plus clair et le plus parfait . Car quoique la doctrine de l’évangile soit la même dans le fond que celle de Moïse et des prophètes , il est pourtant certain que les vérités divines, les devoirs, les promesses , les menaces , sont proposés avec plus clarté et de force dans le nouveau testament. Non -seulement l’évangile a dissipé les ombres de la loi , et mis dans une entière évidence ce qui n’était révélé qu’en partie avant Jésus-Christ; mais il nous enseigne plusieurs choses que les anciens fidèles ignoraient, et que les prophètes eux-mêmes ne connaissaient pas.