Jésus au centre de l’Eglise

Jésus au centre de l’Eglise

Texte de base : Apoc 1,9 à 13

Introduction

Pour ceux qui ne le savent pas encore, nous  avons fêtés en 2009 un événement d’importance, pour nous chrétiens protestants évangéliques français. Cet événement est la naissance en 1509 à Noyon du réformateur Jean Calvin.

Pourquoi Jean Calvin, pour nous français, comme Martin Luther, pour les allemands, nous sont-ils, à nous chrétiens évangéliques si précieux ? Pour une simple et unique raison. Cette raison majeure est que, alors que jusqu’à leur venue, c’était l’enseignement de l’Eglise catholique qui était au centre de la foi des chrétiens, grâce à eux ce fut de nouveau Jésus et la Bible qui furent mis au centre. De là vient pour nous le sentiment de reconnaissance que, en tant que chrétiens évangéliques, nous avons pour ces deux hommes, même si, au-delà de la Réforme, tout ce qu’ils ont dit et fait par ailleurs ne fut pas parfait.

Même si Luther et Calvin ne le souhaitaient pas au départ, il était pratiquement inévitable que la réforme qu’ils apportaient aboutissent à la rupture avec l’Eglise catholique. Car, comme je l’ai dit, ce à quoi ont touché en leur temps Luther et Calvin n’était pas un point de doctrine annexe ou périphérique, mais ce qui était au centre même de la foi des croyants. Dès le moment où ce qui est au centre de la foi n’est plus le même, il est impossible que l’unité entre des parties séparées prévale.

Si le fait de remettre le Christ et son oeuvre ainsi que la Bible au centre de la foi, a été, au XVIème siècle, la cause de la rupture entre les Réformés et l’Eglise catholique, Luther et Calvin ne furent pas les seuls par qui, à l’époque, l’autorité de Rome et du pape fut déstabilisée. Car le siècle qui révéla Luther et Calvin, révéla aussi Nicolas Copernic, un astronome polonais.

Or jusqu’à Copernic,, on croyait, comme Aristote le pensait, que le soleil tournait autour de la terre. C’était là ce qu’enseignaient, non seulement les scientifiques de l’époque, mais encore, s’appuyant sur une mauvaise interprétation de la Bible, l’Eglise catholique. Mais Copernic arriva et, suite à ses observations, il conclut que la terre n’était pas le centre du système dans lequel elle se trouvait, mais le soleil.

 » Le soleil est une étoile fixe entourée de planètes qui tournent autour d’elle et dont elle est le centre et le flambeau, écrit-il.  »

Dans un second domaine, et simultanément, il fut ainsi démontré que l’Eglise catholique était dans l’erreur pour une même raison. Ce qu’elle mettait au centre de son enseignement sur le plan scientifique était aussi faux que ce qu’elle mettait au centre de son enseignement religieux. Dès lors, la même conséquence se produisit. Comme Luther et Calvin ne purent rester unis à l’Eglise, de même la Science se détacha de l’enseignement de l’Eglise et donna naissance à la Science moderne qui, plus tard, enfantera Darwin, dont le 200è anniversaire est aussi fêté cette année.

Quelle est la leçon de toute cette histoire ? Elle est dans une seule chose dont nous parle aussi le texte que nous avons lu ce matin. Cette leçon est que c’est ce qui se trouve au centre d’un système qui en est à la fois le moteur et la raison qui en explique le fonctionnement. Or, la vision qu’a eu Jean dans l’Apocalypse sur ce qui doit être au cœur du système qu’est l’Eglise est nette : c’est Jésus et Jésus seul qui doit se trouver au centre de l’Eglise : Apoc 1,12-13. Tout autre centre ne peut qu’endommager gravement la façon dont l’Eglise vit et fonctionne dans ce monde.
Aussi c’est à cette question que nous allons nous intéresser ce matin : Le Christ-Jésus, Chef et Tête de l’Eglise est, dans la pensée du Père, Celui qui doit occuper la place centrale de l’Eglise. L’est-Il toujours : dans notre foi, nos doctrines, nos pratiques ? Ou a-t-Il été substitué par autre chose ? Si oui, comment peut-on en juger ? Réflexion.

Le Christ-Jésus au centre de l’Eglise :

La vie de l’Eglise de Jésus-Christ recouvrant de multiples aspects, il ne nous est pas possible, dans le seul cadre de ce message, de les examiner tous pour voir si Jésus-Christ, son Chef, en est toujours le centre. Aussi me contenterais-je, ce matin, d’en aborder seulement trois qui, à mon sens, constituent les aspects principaux à la fois de la vie, de l’activité et de la mission de l’Eglise dans le monde :

– 1er aspect : la construction de l’Eglise
– le second : le message de l’Eglise
– le 3ème : la vie ou la piété de l’Eglise

La construction de l’Eglise

Alors que Jésus était encore avec Ses disciples, Il leur dit, à plusieurs reprises, de quelle manière Il allait agir pour que son Eglise puisse naître. Dans chacun de ces enseignements, la même vérité apparaît : la construction de l’Eglise, si elle se fait au travers d’outils humains, n’est pas l’œuvre de l’homme, mais totalement et exclusivement celle de Dieu :

1. Matthieu 11,25 à 27 : contexte du passage :

La parole que Jésus prononce ici ne vient pas par hasard. Elle se situe juste après plusieurs reproches que Jésus vient de faire aux villes qui, malgré les nombreux miracles dont elles ont été témoins de Sa part, sont restés incrédules à Son sujet : Mat 11,20 à 24

Si Jésus n’excuse pas l’incrédulité de Ses contemporains à Son sujet, Il énonce cependant ici un principe important : ce principe est que nul ne peut comprendre qu’Il est le Fils de Dieu s’il ne reçoit de la part de Dieu une révélation à ce sujet.

La preuve en est justement par la réaction des villes dans lesquelles Jésus vient de passer. D’autres villes, rappelle-t-Il, qui n’ont pas eu Sa visite ont, dans le passé, été jugées pour moins que cela. Sans révélation cependant, il est impossible à quiconque de saisir, par sa seule sagesse et intelligence, qui Il est !

Enoncée ici pour la 1ère fois, cette vérité fondamentale de la foi va être démontrée peu de temps après au travers de l’apôtre Pierre :

Matthieu 16,13 à18 : contexte du passage

Le passage que nous lisons est sans aucun doute le plus explicite du NT sur le sujet. Pour la 1ère fois, en effet, Jésus se trouve confronté à une personne, un homme qui confesse qu’Il voit en Lui, le Christ, le Fils du Dieu vivant. Or, Jésus est très clair sur la source qui est à l’origine de cette conviction qui habite ici l’apôtre Pierre :

– ce n’est pas la chair et le sang, par ses propres facultés, que Pierre a saisi cela
– mais c’est le Père qui est dans les cieux qui a donné à Pierre la révélation de qui Jésus était.

Preuve en est donnée là aussi immédiatement après, lorsque Jésus révèle à Ses disciples qu’Il devra souffrir et être mis à mort par les chefs de Son peuple. Redevenu un simple homme, éclairé par sa seule raison, Pierre, d’inspiré qu’il était, deviendra outil de Satan pour détourner Jésus de Son chemin : Mat 16,21 à 23.

Le principe de construction de l’Eglise, énoncé par Jésus, est ici très clair. Seul l’Esprit de Dieu a le pouvoir de convaincre un homme de la vérité qui concerne Jésus, le Fils de Dieu. Aussi, plus qu’à nos moyens et nos méthodes, c’est à Lui et à Lui seul que nous devons nous attendre pour voir des âmes se convertir et des croyants s’ajouter à l’Eglise : Actes 2,47 : le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Eglise ceux qui étaient sauvés.

Face à ce principe fondamental énoncé par Jésus, deux dangers au moins nous guettent dans le travail missionnaire :

– Le 1er est celui de la recherche d’efficacité. Tous autant que nous sommes, que ce soit en France ou ailleurs, nous sommes habités, en tant que missionnaires ou évangélistes, par ce souci de l’efficacité. Ce souci est sans nul doute un bon souci. Il est juste en effet, au regard des dons qui nous sont faits pour le soutien de notre ministère, de nous interroger si nous utilisons cet argent de la bonne manière, la plus utile à l’avance du Royaume de Dieu.

Si le désir d’efficacité est juste, il ne faudrait pas cependant que ce désir tourne à l’obsession et qu’il devienne la justification à l’utilisation de tous les moyens possibles et imaginables pour provoquer et susciter des conversions. L’apôtre Paul établit en 2 Cor 4,2 une frontière claire à ne pas dépasser : c’est l’utilisation de tous les moyens qui sont contraires à la conscience et qui, par leur usage, porte préjudice au contenu du message que nous pouvons apporter.

Sachons-le : le Christ n’a besoin ni de toute la technique moderne, ni de tous les artifices du spectacle pour convaincre un homme qu’il a besoin de Lui. Le simple témoignage d’un croyant honnête, sincère, conséquent dans sa vie avec ce qu’il croit, laisse dans la conscience d’autrui une impression plus durable et plus profonde que tous les moyens techniques réunis.

Le second danger qui nous guette, par rapport à cette dépendance totale et nécessaire que le Christ a voulu pour nous dans le travail missionnaire, est celui de la rentabilité. Nous vivons tous plus que jamais dans un univers de chiffres et de statistiques. Aussi peut-il nous être de plus en plus difficile de vivre notre ministère, tout en n’ayant que très peu de succès chiffrable.

A ce sujet, nous devons nous rappeler plusieurs choses :

Humainement vu, le Christ Lui-même en Son temps a davantage connu l’échec que le succès. Si la foule un moment Le suit, très rapidement Jésus ne va se retrouver qu’avec un petit nombre de fidèles, au point où Il va demander même aux 12, s’ils ne veulent pas partir : Jean 6,66-67

Nous devons aussi veiller à l’image du modèle missionnaire que nous portons en nous-mêmes. Il nous arrive trop facilement, en pensant à l’apôtre Paul, de ne retenir de lui que les nombreuses églises qu’il a implantées dans tout le bassin méditerranéen. C’est oublier, d’une part, le prix qu’il a payé pour arriver à ce résultat, mais aussi, d’autre part, le fait que ce succès a été très inégal : Actes 17,34. Si nous voulons connaître la devise de Paul dans son travail missionnaire, c’est en 1 Cor 9,21-22 qu’il nous faut aller. La devise de l’apôtre Paul dans l’œuvre du ministère n’est pas le succès, mais le salut de quelques-uns !

Il nous faut enfin nous souvenir que, si le Christ reste le même, les époques changent et que rien ne nous dit que dans la période finale de l’histoire, nous revivrons ce que les premiers chrétiens ont vécu à l’époque des Actes. C’est, semble-t-il, plutôt le contraire qui doit être envisagé : 2 Tim 3,1 à 5.

D’autres dangers pourraient être évoqués, tels que le sentiment d’urgence, celui de la recherche d’unité, de crédibilité, de visibilité, mais je m’arrêterai là pour ce point. Rappelons-nous simplement ici que le Christ est Celui qui, seul, bâtit l’Eglise.

Le message de l’Eglise :

Si la façon dont nous envisageons la construction de l’Eglise doit refléter le fait que le Christ en est le centre, il en est plus que jamais nécessaire dans le contenu du message dont l’Eglise est chargée par le Christ, d’être porteuse.

Car là aussi, la vocation de l’Eglise est claire :

– la vocation des disciples du Christ est d’être, selon les propres mots de Jésus après sa résurrection, Ses témoins : Actes 1,8
– la vocation de l’Eglise est, d’après Paul, la colonne et l’appui de la vérité : 1 Tim 3,15

Révéler le Christ au monde par sa vie, ses actes et son message : tel est donc le rôle et la mission première de l’Eglise.

Là aussi, cependant, comme les chrétiens de tous les temps, nous pouvons sous l’influence de l’air du temps, sans nous en rendre compte vraiment, dévier de plusieurs manières du but que le Seigneur nous a fixé :

– en ne mettant plus au centre de notre message le Christ crucifié et ressuscité : 1 Cor 2,2 à 5, mais l’homme et ses besoins. Aussi devons-nous toujours nous souvenir que si l’Evangile nous révèle l’amour que Dieu a pour nous en Christ, Il nous révèle aussi et d’abord Sa justice : Rom 1,16-17, justice qui réclame de l’homme à la fois foi et repentance pour son salut.
– En délaissant de plus en plus l’enseignement de la Parole au profit d’autres activités plus ludiques ou humainement agréables. L’avertissement de l’apôtre Paul pour les jours qui sont les derniers ne concernent pas le monde, mais l’Eglise : 1 Tim 4,1 à 4.

Là aussi, il y aurait sans doute d’autres choses à dire sur le sujet. Posons-nous simplement la question : faire connaître Jésus, le Christ, être Ses témoins : est-ce encore et toujours ce que nous ressentons comme la mission première qui est la nôtre dans l’Eglise ?

La vie de’ l’Eglise :

Alors que j’était tout jeune chrétien (depuis environ 2 mois), je suis parti des Vosges où j’habitais pour faire mon service militaire en Allemagne (Achern). Là, j’ai fait la connaissance d’un chrétien pentecôtiste très zélé qui, à l’écoute de mon témoignage, m’a dit :  » Ecoute, ce que tu as vécu est super, mais il te manque quelque chose : tu as reçu Jésus dans ta vie, mais tu n’as pas été baptisé dans l’Esprit. Viens ! Nous allons prier pour toi pour que tu sois baptisé dans l’Esprit et que tu parles en langues.  »

J’ai donc suivi cet homme et, comme il le souhaitait, je me suis mis à parler en langue. Le premier fruit immédiat issu de mon expérience ne tarda pas à venir. Ce fruit fut l’orgueil. Rentrant dans les Vosges, j’allai trouver mon père spirituel : Daniel Herrmann et je lui dis d’emblée : Daniel, il te manque quelque chose. Tu as reçu Jésus, mais tu n’as pas été baptisé dans l’Esprit.

Daniel, qui en avait vu d’autres, ne s’affola pas. Calmement, posément, il m’expliqua, selon l’apôtre Paul, qu’ayant reçu Christ, Il avait aussi tout pleinement reçu en Lui : Colos 2,10.

Très rapidement, d’abord parce que je ne voyais pas ce que ce parler en langues qui n’avait aucun sens apportait de plus à ma vie, ensuite, par l’enseignement de l’Ecriture, je fus convaincu de l’erreur de ce que j’avais cru (plus tard, j’ai appris que la personne qui avait prié pour moi a quitté sa femme et même les églises).

De cette expérience, j’ai appris deux choses :

– la 1ère est que nous ne devons jamais prendre pour argent comptant un enseignement qui prétend s’appuyer sur la Bible. C’est, non au travers de passages isolés, mais à la lumière de toute la Bible (et non de l’expérience) que nous devons évaluer la justesse d’une enseignement.
– La seconde est que, comme le dit Pierre, la puissance divine nous a donné en Christ tout ce qui contribue à la vie et à la piété : 2 Pierre 1,3. Aussi le problème de beaucoup de chrétiens, n’est pas dans le fait qu’il leur manquerait quelque chose, mais qu’ils n’exploitent pas suffisamment tout ce qu’ils ont reçu.

La formule de la vie chrétienne n’est pas :  » Christ + quelque chose « , mais  » Non plus moi, mais Christ !  » Si nous l’appliquons, nous verrons alors que Christ suffit pleinement

Conclusion : Apoc 1,12-13

Saisi par la vision du Christ, Jean l’a vu au centre de l’Eglise (ou des églises). Le centre est la place qui revient au Christ dans sa construction, son message, sa mission et sa vie. Puisse-t-elle être dans nos églises celle qu’Il occupe réellement !

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