Quel au-delà ?

Quel au-delà ?

L’homme tient au monde qui l’entoure par des liens qui lui pèsent parfois plus que des chaînes: sa famille, son milieu, ses amis ou ses ennemis, son métier, ses hobbies, ses passions, ses problèmes, ses vices peut-être. Il n’est donc pas surprenant qu’il rêve d’être ailleurs, d’être autre (ou d’un Autre), en particulier lorsqu’il s’ennuie, sombre dans le découragement, ou sent quelque malaise le gagner. Cette quête d’un au-delà, terrestre ou céleste, se révèle souvent décevante: « On ne part pas », disait Rimbaud après avoir tenté les plus folles évasions hors de l’écoeurant quotidien. Mais y renonce-t-on jamais vraiment? Désirer mieux, désirer tout: en même temps que les ressorts de l’action, ce sont là deux constantes de notre pensée gui laissent croire, à juste titre, que l’au-delà nous est nécessaire.
Quel au-delà ? Il ne suffit pas de n’importe quelle fantaisie, de n’importe quelle fable, bien que la mentalité moderne ait coutume de préférer l’agréable au vrai. Une conception juste et saine de l’au-delà doit répondre aux exigences de l’homme le plus déçu, tout en l’amenant à vivre pleinement dans le présent. Elle ne doit pas se réduire à une échappatoire facile, synonyme de refuge imaginaire pour gens frustrés ou demeurés. Nous aimerions montrer que la conception que nous avons choisie, celle de la Bible, satisfait largement de telles conditions.
Tout d’abord, l’au-delà biblique ne peut s’expliquer comme une simple reprise du mythe de l’âge d’or, même si l’Ecriture affirme le retour de Christ, et son règne sur la terre pendant mille ans. Jésus lui-même avait averti: « Mon royaume n’est pas de ce monde » (Jean 18:36), désirant par là nous garder d’une espérance purement terrestre. L’âge d’or, en fait, commence lorsque Christ, en réponse à la foi, vient habiter en l’homme par son Esprit. La vraie vie débute, non après la mort, mais après le premier pas de la foi: « Celui qui a le Fils a la vie. » (1 Jean 5:12)
N’assimilons donc pas l’au-delà à un « messianisme » purement politique ou social, ou au dernier stade de l’évolution de l’espèce humaine, comme le font Marx, A. Comte (positivisme) ou P. Teilhard de Chardin (évolutionisme religieux).
L’au-delà biblique ne peut non plus se définir uniquement comme un lieu où nous pourrons enfin accomplir ce dont nous avons toujours été incapables. Car la forme de notre existence après la mort se détermine ici et maintenant. Jamais la Parole ne laisse entendre qu’une nouvelle occasion de se perfectionner, de se purifier ou de se réaliser sera offerte dans l’autre monde: II est réservé aux hommes de mourir une seule fois, après quoi vient le jugement. (Hébreux 9:27) La purification que procure au croyant le sang de Christ mort pour lui (Romains 8:1) est la seule dont on puisse jamais bénéficier, et c’est au corps, à l’âme et à l’esprit que nous possédons maintenant qu’elle s’applique. Pas question donc de remettre l’essentiel à plus tard, ni en se réincarnant d’aucune façon (hindouisme), ni en passant à travers quelque hypothétique purgatoire.
Pas question non plus d’éluder la responsabilité personnelle vis-à-vis de notre destinée éternelle en imaginant un Dieu dans lequel finissent par se résorber toutes les contradictions et toutes les individualités. En déclarant que l’homme est une parcelle de Dieu (panthéisme), que notre identité personnelle finira par se dissoudre dans le Brahman (hindouisme), que notre individu cesse d’exister dès que les atomes gui le composent sont « redistribués » pour former une nouvelle structure (matérialisme), les partisans de ces doctrines volent à Dieu et à chacun le droit d’exister en tant que personne libre et distincte. Ainsi, pour les croyants, il n’y a qu’un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, et parmi tous, et en tous (Ephésiens 4:6).

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