Esaïe 53

Esaïe 53,10 à 12

Texte biblique

Il a plu à l’Eternel de le briser par la souffrance… Après avoir livré sa vie en sacrifice pour le péché, Il verra une postérité et prolongera ses jours ; Et l’œuvre de l’Eternel prospérera entre ses mains. A cause du travail de son âme, il rassasiera ses regards ; Par sa connaissance mon serviteur juste justifiera beaucoup d’hommes, Et il se chargera de leurs iniquités. C’est pourquoi je lui donnerai sa part avec les grands ; Il partagera le butin avec les puissants, Parce qu’il s’est livré lui–même à la mort, Et qu’il a été mis au nombre des malfaiteurs, Parce qu’il a porté les péchés de beaucoup d’hommes, Et qu’il a intercédé pour les coupables.

Réflexion

L’œuvre que Dieu faisait par Lui

Après avoir présenté le Serviteur sur la base du double point de vue de l’opinion des hommes et de la vérité, l’Eternel résume ici le sens et le but du parcours si singulier qui fut le Sien ici-bas en évoquant tous les points qui le caractérisent :

1. le point de la souffrance qu’Il a connu : elle n’est pas, contrairement à le conclusion qu’en tiraient Ses contemporains à sa vue, la marque de Son jugement, mais le fait entier de la volonté de Dieu pour Lui. Lui-même en Son temps l’a d’ailleurs dit à Ses disciples horrifiés par cette perspective : Matthieu 16,21 à 23. La souffrance par laquelle devait passer le Serviteur était le seul chemin possible en vue de la réalisation du but qu’avait Sa venue

2. ce but était celui de faire de Lui le sacrifice de réparation par lequel la dette et l’offense du péché seraient lavées devant Dieu. Avec ce point, nous touchons au cœur même du problème qui se trouve au cœur de l’univers : le problème de la séparation qui existe entre Dieu et l’homme suite au péché. Cette rupture aux yeux de Dieu est si grave qu’elle ne peut être réparée que d’une seule manière : par le don volontaire de la vie d’un juste pour payer le péché, la faute de tous les injustes. Tel est le sens fondamental de la mort de Jésus.

3. L’œuvre de réconciliation accomplie, l’Eternel nous ouvre les yeux sur la portée qu’aura cette œuvre pour l’humanité. Ce n’est qu’à partir de la mort de Jésus que la bénédiction apportée par ce que Jésus a fait en s’offrant en sacrifice pour le péché se verra dans le monde. Cet  » après la croix  » est le seul point à partir duquel doit se former le jugement des hommes sur Lui.

4. L’Eternel termine en justifiant, par le parcours et l’engagement total que fut celui du Serviteur pour le salut du monde, la gloire éternelle qui succédera à Son passage ici-bas. Si nous voulons la connaître, c’est sur Ses traces que nous devons marcher : la trace de l’obéissance et du don entier de notre vie à la cause pour laquelle, par Sa volonté, le Seigneur nous appelle : Phil 3,7 à 15.

Que Dieu accomplisse en moi le projet pour lequel Il m’a appelé à Le servir dans ce monde !

P

Esaïe 53,7 à 9

Texte biblique

Il a été maltraité et opprimé, Et il n’a point ouvert la bouche, Semblable à un agneau qu’on mène à la boucherie, A une brebis muette devant ceux qui la tondent ; Il n’a point ouvert la bouche. Il a été enlevé par l’angoisse et le châtiment ; Et parmi ceux de sa génération, qui a cru Qu’il était retranché de la terre des vivants Et frappé pour les péchés de mon peuple ? On a mis son sépulcre parmi les méchants, Son tombeau avec le riche, Quoiqu’il n’eût point commis de violence Et qu’il n’y eût point de fraude dans sa bouche.

Réflexion

Ce que Sa génération a vu et ce qu’Il faisait pour elle :

L’Eternel poursuit le descriptif du parcours terrestre du Serviteur en évoquant dans cette partie la portée de l’impact qu’il aura eu pour les gens de Sa génération. En lisant ce que l’Eternel en dit, le même constat s’impose : il n’y a aucune corrélation entre ce qu’était le Serviteur, la portée de Son œuvre, et le jugement que Ses contemporains ont porté sur Lui. Selon l’appréciation des hommes de Son temps, le Serviteur fait pratiquement figure de maudit. Considérant la fin qu’Il connut, la mort sur le bois de la croix, la loi de Dieu elle-même confirme cette opinion : Gal 3,13 ; Deut 21,22-23. Si l’apparence donne raison à l’opinion du peuple, une fois de plus, c’est sur le fond que celui-ci fait erreur. Car, contrairement au jugement final que Ses contemporains ont porté sur Lui au regard de Sa fin, ce n’était pas pour ce qu’Il était Lui qu’Il s’est trouvé dans la position du maudit, mais pour ce que nous étions nous. Le Serviteur, quant à Lui, était bien le Béni de Dieu : toute Sa vie, Ses actes, Ses paroles en ont témoigné : Jean 3,2 ; Matthieu 7,29 ; Jean 7,46 ; Matthieu 11,2 à 5. Tout autre que celui de ceux qui L’entourent est d’ailleurs l’appréciation que le Serviteur Lui-même porte sur Son parcours en sa fin : Jean 17,4.

Sa fin ne correspondant pas à ce qu’Il a démontré tout au long de Sa vie, il faut en chercher la signification non dans le schéma de la logique naturelle, mais, au-delà du type de mort qui fut la Sienne, dans le témoignage que Dieu va Lui-même donner par la suite quant à la valeur que cet acte revêt à Ses yeux : cf Rom 1,3-4. Toute la suite de l’histoire du Serviteur, de l’impact, positif et salutaire que produira Sa mort suivie de Sa résurrection pour des millions en chaque siècle, invalide totalement le jugement que les hommes de Sa génération ont porté sur Lui. Du coup, comme le dit Erich Sauer, ce n’est pas Lui mais les hommes qui L’ont condamné qui se trouvent, à cause de leur erreur d’appréciation sur Lui, sous le coup du jugement de Dieu.  » Que répondrait l’Israélite, dit-il, à qui l’on demanderait aujourd’hui pourquoi, alors que les pères ne subirent que 70 ans de captivité loin de leur patrie, pour les crimes et les abominations dont ils avaient souillé la terre sainte pendant des siècles… pourquoi et pour quel crime, les fils sont maintenant dispersés parmi les peuples depuis plus de 18 siècles, et Jérusalem foulée aux pieds des nations jusqu’à ce jour. Quelle est donc cette sanglante culpabilité qui éloigne ainsi Israël d’une vie paisible dans la terre de ses pères ? C’est précisément son péché qui est la racine de la misère actuelle d’Israël !  »

Si le recul de l’histoire fait que l’absence de corrélation entre le jugement porté sur Lui par les hommes de Sa génération et la réalité, c’est-à-dire la sentence de Dieu sur les mêmes faits, porte un coup fatal aux opinions fondées sur l’apparence, le vécu du Serviteur est pour nous, hommes et serviteurs d’un autre temps, un puissant encouragement. Car, comme Lui, il peut nous arriver dans notre service d’être découragé par le peu d’impact que semble avoir sur ceux qui nous entourent nos actes, notre témoignage, nos efforts de persuasion. Comme Lui, nous pouvons à vue humaine nous interroger et nous dire : A quoi bon ! C’est en vain que je souffre et que je sers avec fidélité mon Dieu : cf Psaume 73,13-14. Pire, par l’effet d’un aveuglement, il se peut même que, comme Lui, nous soyons pris pour l’inverse de ce que nous sommes : des maudits et des ennemis de Dieu en lieu de saints et de bénis : Jean 16,2. Regardons alors au Serviteur, à Sa fin réelle, à la gloire subséquente à Son parcours. C’est ici pour Lui comme pour nous que se situe la vérité et la valeur réelle du service accompli ! N’anticipons donc pas : 1 Cor 4,5 et que, dans Sa grâce, Dieu nous rappelle que c’est de Lui, et de Lui seul, que chacun recevra la louange qui lui sera due !

Esaïe 53,4 à 6

Texte biblique

Cependant, ce sont nos souffrances qu’il a portées, C’est de nos douleurs qu’il s’est chargé ; Et nous l’avons considéré comme puni, Frappé de Dieu, et humilié. Mais il était blessé pour nos péchés, Brisé pour nos iniquités ; Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, Et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. Nous étions tous errants comme des brebis, Chacun suivait sa propre voie ; Et l’Eternel a fait retomber sur lui l’iniquité de nous tous.

Réflexion

Ce que nous pensions de Lui et ce qu’Il faisait pour nous :

Si un contraste fort existe entre l’aspect sous lequel se présentera le Serviteur et Son identité réelle, un autre aussi fort existe entre, d’une part, ce que les hommes ont conclu à Son sujet, et ce que, en vérité, Il accomplissait pour eux dans Sa venue :

– Alors qu’Il était méprisé, déconsidéré, c’était en réalité de nos souffrances et de nos douleurs, celles dues à nos péchés, dont Il était chargé.

– Alors que le peuple, voyant sa fin, L’a cru frappé de Dieu, pour avoir peut-être osé dire ce, qu’à ses yeux, Il ne pouvait pas être, c’est pour être notre substitut qu’Il a accepté de connaître le sort qui a été le Sien.

-Alors que le peuple était séparé de Dieu, livré à lui-même comme des brebis sans berger, c’est pour le réconcilier avec Lui et l’amener à vivre de nouveau sous Sa houlette que Lui acceptera d’être chargé de ses fautes et ainsi, arraché à Sa communion.

P
Esaïe 53,1 à 3

Texte biblique

Qui a cru à ce qui nous était annoncé ? Qui a reconnu le bras de l’Eternel ? Il s’est élevé devant lui comme une faible plante, Comme un rejeton qui sort d’une terre desséchée ; Il n’avait ni beauté, ni éclat pour attirer nos regards, Et son aspect n’avait rien pour nous plaire. Méprisé et abandonné des hommes, Homme de douleur et habitué à la souffrance, Semblable à celui dont on détourne le visage, Nous l’avons dédaigné, nous n’avons fait de lui aucun cas.

Réflexion

Le caractère équivoque de l’apparence du Serviteur marqué par :

– l’insignifiance de ses origines. Tout, aussi bien dans les origines sociales et géographiques de Jésus que dans les circonstances même de sa venue dans ce monde, en témoigne. Jésus est sorti de Nazareth, une localité sans éclat : Jean 1,46. Il est issu de la classe ouvrière, une classe réputée inculte et peu instruite : Jean 7,15. Il est né dans une crèche, au milieu des bœufs et des ânes : Luc 2,6-7. Peut-on imaginer entrée plus discrète sur la scène de l’histoire que celle de Celui qui allait en devenir le pivot ?

– le caractère terne de son apparence. Bien qu’il soit en réalité le plus beau des fils de l’homme : Psaume 45,3, rien ne distinguera le Serviteur dans Son aspect des autres êtres. Comme Il le dira lui-même, la condition dans laquelle Il sera et l’aspect sous lequel on Le connaîtra n’auront rien à voir avec le statut qu’en réalité Il possède : Luc 7,25.

– le sort qu’Il connaîtra. Il aura tout de celui du raté et du perdant. Tout dans ce qu’il vivra démentira, dans les apparences, les prétentions sous lesquelles Il se présentera. Impossible donc, pour quiconque ne discerne pas sous la surface la réalité, de la découvrir à la seule vue des apparences.

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