’existence d’un Dieu est une vérité si claire

Après avoir supposé qu’il y a un Dieu, on sait voir que ce Dieu est très parfait, qu’il est l’auteur de tout le bien qui est dans les créatures et qu’il faut le craindre et l’honorer.

L’existence d’un Dieu est une vérité si claire, qu’on ne peut pas la nier sans combattre ses propres lumières. Il n’est pas besoin de faire des efforts pour la croire ; mais il faut se faire violence, il n’est pas nécessaire d’aller chercher des arguments métaphysiques subtils et abstraits, qui sont peu proportionné à l’esprit de la plupart des hommes. La considération de ce grand monde qui est exposé à nos yeux et des créatures qu’on y voit, de leur juste situation et du rapport qu’elles ont entre elles, suffit pour convaincre des gens qui veulent écouter leur raison et ceux qui sont frappé des parques sensibles que l’auteur de la nature a imprimé dans ces ouvrages, ne se rendront pas à des raisonnements. Le plus éloquent et le plus savant des Romains est si touché de cette preuve qu’il ne fait pas difficulté de soutenir après un grand philosophie, que si des hommes sortaient subitement de dessous la terre, où ils eussent demeuré des leur naissance et qu’ils vinssent à voir tout d’un coup la terre, la mer et les cieux, la beauté, l’étendue et les merveilleux effets du soleil, ils ne manqueraient pas de reconnaître une divinité et d’avouer que tout ce qu’ils contemplent est l’ouvrage de Dieu.

En effet ou il faut croire que la matière est éternelle ou que le monde est l’effet du hasard ou il faut avouer qu’il y a un être tout-puissant qui a fait l’un et l’autre. On ne peut pas dire là qu’une masse morte et insensible, comme la matière, soit un être éternel et sans aucun principe, parce que c’est la plus grande de toutes les absurdités de donner au plus vil de tous les être, la première de toutes les perfections, qui est d’exister par soi-même. D’ailleurs, comme le mouvement n’est pas essentiel à la matière, quand on supposerait qu’elle est éternelle, on demanderait toujours quand elle a commencé d’avoir du mouvement? Qui est-ce qui le lui a imprimé? Qui a divisé touts ses parties? Qui a rendu ce mouvement si juste et si régulier et qui d’une même matière a produit une si grande diversité de créature? Ainsi il en faudrait toujours venir à un souverain Être et c’est ce que nous appelons Dieu.

On ne peut pas dire que tout cet univers est l’effet du hasard et que c’est la rencontre de quelques petits corps qui la produit. Ce philosophe païen, qui a soutenu cette opinion et dont on a dit que la nature avait assemblé tous les atomes de la sagesse pour le composer, me paraît aussi extravagant sur cette matière, que celui qui voyant des tableaux, où on aurait observé toutes les règles de la peinture fort exactement et où il y aurait un très grand nombre de figures, dirait que c’est là l’ouvrage du hasard et que les couleurs se sont mêlées d’elles-mêmes.

Où est l’homme de bon sens qui puisse se mettre dans l’esprit, que c’est le hasard qui a fait tout ce que nous contemplons, le ciel et la terre, le soleil, les plantes et les animaux. Que c’est le hasard qui a formé dans le ventre de nos mères un ouvrage aussi parfait que celui de nos corps, dont la construction, la figure, les organes, les membres, leur merveilleuse symétrie, leur juste proportion ont fait jusqu’à présent l’admiration des hommes. Que c’est le hasard qui a produit être âme, cette âme qui pense, qui raisonne, qui s’élève au dessus de nos sens et qui les corrige, qui trouve et qui invente ce qui paraissait du tout impossible. Enfin. que c’est le hasard qui a uni cette âme si parfaitement avec le corps, qu’a de certains mouvements du corps, il s’excite des pensées dans l’âme et qu’a de certaines pensées de l’âme, il se produit des mouvements dans le corps. Certainement, il faut ne vouloir plus se servir de la raison, pour ne reconnaître pas ici, que ce sont là les ouvrages d’un être très puissant, très sage,très intelligent et très parfait.

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