l’existence de Dieu

La question philosophique de l’existence de Dieu est l’une des plus fondamentales. Elle touche à l’origine et à la finalité de toutes choses. L’univers est-il vraiment la réalité ultime ? Ou bien y a-t-il un être supérieur qui le dépasse ? L’univers a-t-il été créé ? Y a-t-il une intention à son origine ? Toutes ces questions sont plus fondamentales que celles étudiées par les sciences naturelles. Mais, en même temps, leurs implications sont beaucoup plus pratiques dans nos vies. Y a-t-il un être supérieur qui m’aime, me protège, donne un sens à ma vie et me jugera également ? La question de l’existence de Dieu est la plus pratique des questions les plus fondamentales.

Mais cette question est aussi l’une des plus difficiles. La réponse à lui apporter n’est pas évidente. L’une des raisons principales à cette difficulté est que l’on ne peut pas prouver l’existence de Dieu à l’aide d’une expérience immédiate. Car Dieu ne peut pas être l’objet de nos sens. Dieu, s’il existe, est transcendant. Cela veut dire qu’il dépasse les réalités sensibles, palpables. On ne peut ni le voir, ni l’entendre, ni le toucher. Même si l’on peut vivre une expérience spirituelle, ce n’est jamais que l’expérience d’une manifestation de Dieu et non une expérience de Dieu en lui-même. À toute expérience spirituelle, on peut proposer une explication naturelle, le plus souvent psychologique ou neurologique. Alors est-ce une illusion ou le moyen employé par Dieu pour se révéler ? La question reste ouverte. Dans tous les cas, on ne peut pas prouver l’existence de Dieu par une expérience immédiate, parce que Dieu en lui-même n’est pas expérimentable.

À partir de ce constat, certains sont tentés de conclure que Dieu n’existe pas. Les athées pensent que s’il n’y a pas de preuve empirique de l’existence de Dieu, alors il faut en conclure qu’il n’existe pas. Cependant, en raisonnant ainsi, l’athéisme commet une erreur de logique. C’est ce que l’on appelle l’« argument d’ignorance ». L’absence de preuve serait une preuve du contraire. Or, c’est faux. L’absence de preuve de l’existence d’une chose n’est pas la preuve de son inexistence. Si je n’ai pas de preuve qu’un chat se promène en ce moment dans un village chinois, je ne peux pas en conclure qu’aucun chat ne se promène en ce moment dans un village chinois. Pour que l’athéisme puisse prétendre à être une position rationnelle, il faudrait qu’il apporte la preuve de l’inexistence de Dieu. Or une telle chose semble bien difficile à faire, car pour pouvoir affirmer qu’une chose n’existe pas, il faudrait pouvoir connaître toute la réalité, y compris les réalités imperceptibles, et constater qu’elle ne s’y trouve pas. L’athéisme n’apporte donc pas une réponse concluante à la question de l’existence de Dieu.

Face à l’absence de preuve empirique de l’existence de Dieu, et à l’impossibilité de conclure par là même à son inexistence, il pourrait sembler plus raisonnable de choisir la voie de l’agnosticisme. L’agnosticisme consiste à n’affirmer ni l’existence, ni l’inexistence de Dieu. Mais comme il n’affirme rien, il ne peut pas être une position définitive. Car, dans la réalité, ou bien Dieu existe, ou bien il n’existe pas, mais il n’y a pas de troisième voie. L’agnosticisme affirme un certain état de la connaissance, mais il n’affirme rien sur la réalité. Il est donc toujours voué à être dépassé. Faire de l’agnosticisme une position indépassable reviendrait à dire que l’on ne trouvera jamais de preuve de l’existence de Dieu. Mais affirmer une telle chose reviendrait à établir un dogme. Comment prouver que l’on ne trouvera jamais de preuve de l’existence de Dieu ? Même si l’on ne peut pas faire d’expérience immédiate de Dieu, peut-être y a-t-il un autre moyen de prouver son existence ?

Et en effet, depuis son origine, la philosophie a proposé des preuves indirectes de l’existence de Dieu, à partir de ses effets. De la même façon que l’on peut prouver l’existence d’un artiste à partir de ses œuvres, on peut prouver l’existence de Dieu à partir de l’univers lui-même. La Bible elle-même conseille cette voie : « Les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient depuis la création du monde, elles se comprennent par ce qu’il a fait » (Romains 1.20).

En quoi l’univers indique-t-il l’existence de Dieu ? Le premier indice, c’est le fait que l’univers a eu un commencement. Or tout ce qui a un commencement a une cause. L’univers doit donc avoir une cause très puissante, capable de le créer. Le deuxième indice, c’est l’ordre dans l’univers, un ordre mathématiquement descriptible et précisément ajusté afin de permettre la vie. Le fait est que la vie est quelque chose de très fragile qui exige des conditions très strictes pour pouvoir se développer. Il aurait suffit que les lois et les constantes fondamentales de la physique soient légèrement différentes pour que la vie soit impossible. Autrement dit, parmi une multitude d’univers possibles, un nombre infime d’entre eux est favorable à la vie. Dans la mesure où est tel résultat est plus difficile à atteindre par hasard que par le fruit d’une intelligence, il apparaît beaucoup plus probable que l’univers soit le résultat d’une cause extraordinairement intelligente.

D’une façon plus générale, nous ne pouvons pas expliquer l’univers seulement par lui-même. Notre univers existe, c’est un fait. Mais parmi toutes les possibilités logiques, il y avait également son inexistence, ou l’existence d’un autre univers parmi une multitude de possibles. Alors pourquoi notre univers existe-t-il et pourquoi est-ce celui-ci plutôt qu’un autre ? Sa possibilité seule ne suffit pas à expliquer sa réalité, car les autres alternatives sont toutes aussi logiquement possibles. Seul une cause nécessaire, s’expliquant entièrement par elle-même, ayant fait le choix de réaliser cette possibilité plutôt qu’une autre, ayant la puissance et l’intelligence nécessaires pour produire un tel univers, permet de l’expliquer. Un tel être est ce que nous appelons « Dieu ».

L’existence de Dieu semble donc être la réponse la plus raisonnable à notre question. Mais il reste encore un certain nombre de questions : si Dieu existe, qui est-il ? Se révèle-t-il ? Et s’il se révèle, par quelle révélation s’est-il fait connaître ?

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