Un peu d’histoire  » Protestante »

Hstoire du Désert

Pourquoi le Désert ?

Dans l’Histoire du protestantisme français, l’expression Désert définit une période qui s’étend de la Révocation de l’Edit de Nantes (1685) à la Révolution Française (1789).

Privés alors de liberté de culte, c’est loin des villes, cachés dans les endroits isolés, déserts (dans les forêts, les garrigues, les grottes ou les ravins…), que les protestants de France (en Cévennes, mais aussi en Haut-Languedoc, en Poitou, Dauphiné, Vivarais…) furent obligés de vivre clandestinement leur foi.

Ce mot de Désert avait aussi pour eux un sens biblique, comme les 40 années pendant lesquelles les Hébreux de l’Exode avaient erré dans le désert, lieu de tribulations, de tentations et de désespoirs, mais aussi lieu où se faisait entendre la parole de l’Eternel.

Cette page d’histoire concerne toute la France mais a marqué particulièrement le Languedoc et les Cévennes, où, dès le début du XVIème siècle, le protestantisme s’est largement implanté. Le Musée du Désert témoigne par l’ensemble de ses collections exposées, tel un grand livre d’images, d’une facette de l’identité cévenole forgée par l’Histoire.

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La révocation de l’Edit de Nantes

Louis XIV, par absolutisme royal et volonté d’unité politique et religieuse va supprimer la liberté de culte aux Protestants en révoquant en 1685 l’Edit de Nantes qu’avait signé Henri IV en 1598 et qui apportait la paix religieuse en France après les Guerres de Religion. Tous les moyens sont bons pour obtenir l’abjuration de ceux de la « R.P.R. », Religion Prétendue Réformée. Moyens incitatifs : la loi prive peu à peu les protestants de toute liberté civile, professionnelle ou religieuse. L’Edit de Nantes se vide de son contenu. Tout est prétexte à la démolition des temples et à des frustrations. Moyens répressifs : On enlève les enfants des réfractaires, les dragonnades imposent aux réformés le logement des troupes de soldats appelés « missionnaires bottés » qui, par la violence et la ruine, obtiennent des abjurations de masse.

En octobre 1685, l’Edit de Fontainebleau révoque l’Edit de Nantes, interdisant le culte protestant. Il précise les mesures qui préviendront tout retour à l’ancienne doctrine : les temples sont rasés, les pasteurs envoyés en exil, les frontières sont fermées au vu de l’hémorragie démographique et économique que la répression a suscitée, les enfants doivent obligatoirement être enseignés dans la religion du roi…

Nombreux seront ceux qui, attachés à leur foi, et n’étant pas partis en exil dans les pays du « Refuge » (Suisse, Allemagne, Hollande, Angleterre, …), se réuniront « au Désert », à l’abri des regards, dans des endroits cachés, pour célébrer le culte interdit, organisant une « église de l’ombre », clandestine, pendant plus d’un siècle en risquant la mort, les galères ou la prison à vie. Les Cévennes vont être le théâtre de la Guerre des Camisards. Révolte armée pour tenter de retrouver la liberté de culte, elle opposera quelque 3.000 protestants, les Camisards, à environ 30.000 soldats, de 1702 à 1704, sans réussir à fléchir l’intolérance et la répression.

Il faudra attendre la Révolution Française (1789) pour que soient proclamés la liberté de conscience et le libre exercice du culte. C’est cette histoire qu’évoque le Musée du Désert. Un siècle de clandestinité et de résistance pour la foi. Un siècle de répression et d’intolérance qui n’a pu éteindre cette foi. Il veut être le témoin d’un passé héroïque pour la défense d’une liberté, mais aussi donner conscience de l’héritage acquis par ces luttes : héritages spirituel et culturel qui transparaissent aujourd’hui dans la mentalité et la culture cévenoles.

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L’Histoire des Camisards

Conséquence directe de la Révocation de l’Edit de Nantes, la Guerre des Camisards éclata en Cévennes en 1702.

Alimentée par les arrestations, condamnations et persécutions redoublées dans cette région où beaucoup, malgré les abjurations de façade, étaient restés protestants, la révolte grondait. Elle commença le 24 juillet 1702 par le meurtre de l’abbé du Chayla. Cet abbé, grand vicaire de l’évêque de Mende et inspecteur des missions, s’était rendu odieux aux populations par ses abus de pouvoir et la rigueur de sa surveillance sur les Nouveaux Convertis. Il avait à ce moment là emprisonné des suspects dans sa maison du Pont de Montvert. Un jeune homme qui prophétisait, Abraham Mazel, après avoir réuni quelques compagnons, donna l’assaut à la geôle, et délivra les prisonniers. L’abbé fut tué en cherchant à fuir. Les assaillants formèrent la première troupe de Camisards.

Pourquoi « Camisards » ? Les révoltés, paysans et artisans n’avaient comme seul uniforme et signe de reconnaissance que leur chemise (camiso en occitan).

Ce fut la guerre des Camisards, non point guerre civile, mais révolte armée contre une domination qui se voulait spirituellement totalitaire. Les Camisards se soulevèrent pour défendre la liberté religieuse, plus concrètement la liberté d’être protestant en France. Ils ont toujours protesté de leur fidélité au roi, ne se donnant d’autre but de guerre que le rétablissement de la liberté de leur culte.

C’étaient des gens du peuple, paysans, tisserands, cardeurs de laine, de jeunes gens pour la plupart. Ils ne furent jamais que 2500 à 3000, qui tinrent en échec pendant deux ans, de 1702 à 1704, les 25000 à 30000 soldats des troupes royales. Leur mobilité, leur familiarité avec un terrain sauvage, les complicités qu’ils rencontraient parmi les habitants leur permirent de tenir bon face à une armée qui n’était pas habituée à une guerre de maquis. La Vallée des Camisards, avec son pont, aussi bien que le panorama des hautes montagnes cévenoles, sont typiques de l’environnement où se situa ce que plus tard on appela le Théâtre sacré des Cévennes. Avant de marcher à l’ennemi, ils mettaient genou en terre et entonnaient le psaume 68, le psaume des batailles : Jean Cavalier, Chef camisard. ©Musée du Désert

« Que Dieu se montre seulement

Et l’on verra dans un moment

Abandonner la place ;

Le camp des ennemis épars,

Epouvanté, de toutes parts

Fuira devant sa face.

On verra tout ce camp s’enfuir

Comme l’on voit s’évanouir

Une épaisse fumée ;

Comme la cire fond au feu

Ainsi des méchants devant Dieu

La force est consumée ».

Deux chefs s’imposèrent pour la conduite des opérations, autant par l’exaltation de leur foi que par leur habileté tactique, Roland et Cavalier. Roland est chez lui au Musée du Désert, avec sa Bible de famille, usée à force d’avoir été méditée. Cavalier est présent par le portrait qu’en a donné le peintre Labouchère : il y est peint en pleine action de guerre, à cheval, escorté de son prophète (c’était l’habitude camisarde de ne pas engager le combat sans avoir écouté ces inspirés). De ces deux compagnons d’armes, la séparation marqua la fin de la guerre des Camisards, encore qu’il en soit sorti des étincelles éphémères jusqu’en 1710 : Roland fut trahi et tué en août 1704 ; Cavalier jugeant perdue la cause des révoltés, avait déjà traité avec le Maréchal de Villars ; il obtint de sortir de France avec sa troupe et poursuivit comme colonel une carrière dans l’armée anglaise.

La rébellion écrasée, les assemblées demeuraient interdites, traquées et sévèrement réprimées.

La liberté de culte tant attendue par les Camisards ne sera obtenue qu’à la Révolution française en 1789

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La Croix huguenote

Parmi les différentes espèces de croix (latine, grecque, de St-André, de Lorraine, gammée), la croix huguenote semble avoir eu pour modèle la croix de Malte, avec emprunt à la croix du Languedoc des boules ou perles qui en garnissent les pointes.

La date et les causes exactes de son apparition ne sont qu’imparfaitement connues. Elle parut d’abord en bijou et les premiers fabricants furent, au XVIIe siècle, un inconnu de Lyon et des joailliers de Nîmes.

On la trouve à cette époque soit avec la larme (le pilon ou trissou nîmois), soit avec la colombe, symbole de l’Esprit-Saint, suivant le modèle créé par Maystre. On croit que la larme peut aussi représenter l’ampoule (fiole) qui contenait l’huile du sacre des rois de France.

Elle avait tous les éléments de la décoration de l’Ordre de Chevalerie du Saint-Esprit, créé par Henri III en 1578, et dont les huguenots étaient évincés. On peut supposer que c’est pour répondre à cet ostracisme que vint l’idée de créer un bijou, emblème huguenot, qui serait inspiré de cette décoration.

Adoptée comme attribut par l’Eglise française de Londres, on la trouve également dans des temples hollandais, où elle fut apportée par les émigrés français.

Croix huguenote ciselée. © Musée du Désert Elle eut des fortunes diverses. Son renouveau date de 1910 (fondation du Musée du Désert) et la Croix Huguenote, sous diverses formes ou matériaux, est bien toujours le signe de ralliement et d’affirmation de la foi protestante.

Beaucoup ont vu dans le symbolisme de la croix huguenote trois éléments principaux :

– La croix, symbole de la grâce acquise par le sacrifice du Christ.

– Les fleurs de lys du royaume auquel les huguenots affirmaient leur loyauté.

– La colombe ou Saint-Esprit rappelant la présence de Dieu, même au sein des épreuves, telle celle du Désert.

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es méreaux de communion protestants

On appelait « méreau », le jeton dont chaque fidèle protestant, qui désirait communier, devait se munir auprès de l’Ancien de son quartier pour prouver qu’il n’avait fait l’objet d’aucune censure grave de la part du consistoire, qu’il avait assisté aux séances de catéchisme et qu’il contribuait aux charges de l’Eglise.

Il le remettait à l’Ancien de service auprès de la Table Sainte, au moment de recevoir le pain et le vin.

Méreaux de Communion des Eglises du Désert. © Musée du Désert La plupart des méreaux étaient en plomb, ou en alliage de plomb et d’étain, et coulés dans des moules.

Chaque église du « Désert » avait son sceau particulier. On y retrouve souvent l’attachement à la Bible avec l’évocation du Berger dans le Bordelais, le Saintonge, le Montalbanais ou l’Agenais, de la Coupe dans le Poitou (La Mothe Saint-Heray), ou simplement un verset comme à Jonzac ou à Nîmes avec la mention Christ, Soleil de Justice.

Cf. : DELORMEAU – Les méreaux de communion des Eglises protestantes de France et du Refuge. Ed Musée du Désert ; 1983

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L’Etat civil protestant sous l’ancien régime.

Tout généalogiste se trouvant confronté à des ascendants protestants sous l’ancien régime se heurte parfois à l’absence de toute trace, conséquence du problème posé par l’Etat civil des protestants avant la Révolution. Après avoir rappelé les faits historiques, nous verrons comment essayer de retrouver les maillons manquants.

Pour bien comprendre, il est nécessaire de remonter dans l’histoire jusqu’au régime de l’Edit de Nantes (1598) dont la France a fêté il y a peu le 400ème anniversaire.

Les actes d’état-civil étaient alors gérés par les églises. La tenue des registres était assurée par les curés des paroisses et les pasteurs pour les protestants.

Louis XIV, avec les mots « un seul Roi, une seule loi, une seule foi » n’aura pas la même ouverture que son grand-père Henri IV. En révoquant l’Edit de Nantes en 1685, il supprime à la fois la liberté de culte pour les protestants mais aussi le protestantisme et son fonctionnement. Les conséquences sont nombreuses : beaucoup de Huguenots fuient la France vers les pays du « Refuge » où ils pourront vivre la foi interdite en France.

Ceux qui restent sont devenus « Nouveaux Catholiques », soit à cause des pressions d’une avalanche d’édits royaux qui privaient ceux de la R.P.R. (Religion Prétendue Réformée) de toute liberté civile, religieuse ou professionnelle, soit à cause des dragonnades qui arrachaient aux plus réfractaires, par la violence, l’abjuration qui en faisait dès lors des catholiques. Beaucoup de ces actes d’abjuration « de l’hérésie de Calvin » figurent dans les registres des paroisses catholiques.

Malgré les apparences, beaucoup de protestants ont abjuré du bout des lèvres et la foi continue à brûler dans les cœurs. Une Eglise de l’ombre, appelée « Eglise du Désert », clandestine, va se lever, et va célébrer en cachette, dans les endroits isolés, déserts, le culte interdit.

Ainsi se trouvent côte à côte deux organisations ecclésiales : l’une officielle, l’autre interdite, pourchassée, condamnée mais qui restera vivace jusqu’à ce que la révolution établisse la liberté de conscience. Le seul état civil reconnu est désormais géré par l’Eglise catholique.

Beaucoup de protestants se refusent à faire baptiser leurs enfants ou à célébrer un mariage devant le curé de la paroisse. Ce serait affirmer l’appartenance à une doctrine qu’ils rejettent. Les baptêmes, les mariages vont être célébrés par les pasteurs itinérants, « au Désert ». Ils seront inscrits sur des registres sans aucune valeur légale, mais pièce à conviction mortelle pour qui les détient. Des extraits sont libellés sur de petits billets, ou sur les pages des bibles familiales.

De telles pratiques sont sévèrement condamnées : peine de galère ou de prison, fortes amendes (souvent 1500 à 2000 livres, soit 7.000 à 10 000 € d’aujourd’hui) ou séparation des ménages considérés comme concubins. Les enfants, assimilés à des bâtards sont privés d’héritage. On force les parents à les faire baptiser sous peine d’enlèvement et de détention dans des couvents.

Pour marquer une union, les couples ont souvent recours au notaire qui enregistre la promesse de mariage. Quelques protestants vont quand même voir le curé qui célébrere le baptême ou le mariage, donnant une existence légale à l’enfant ou au couple, puis ils iront dans une assemblée clandestine où le pasteur officiera selon « la discipline des églises réformées ».

Il faut attendre novembre 1787 pour que Louis XVI signe l’Edit de Tolérance. Il apporte aux protestants la reconnaissance d’une existence légale. Pour ce faire l’Etat-civil devient pour eux laïque, prémices de l’organisation post-révolutionnaire. Les protestants peuvent faire enregistrer leur état-civil clandestin en montrant leurs documents jusque là sans valeur légale.

Pour retrouver des noms, des dates et des lieux en France, il convient donc de fouiller tous les éléments qu’ont laissés ces protestants clandestins. Registres des pasteurs, extrait d’état civil pour un mariage ou un baptême, acte notarial, mention dans une Bible, procès ou condamnation « pour cause de religion », actes de « légalisation » de l’état civil clandestin à partir de l’Edit de Tolérance (1787)….

On peut analyser, auprès des Sociétés Huguenotes, les listes des réfugiés pour cause de religion dans les pays étrangers où on pouvait vivre la foi réformée (Suisse, Allemagne, Hollande, jusqu’en Afrique du sud, en passant par le Canada ou le « Surinam », …).

On peut aussi prendre contact avec le Service Généalogie de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français, 54 rue des Saints Pères à Paris (75007). Beaucoup de noms cités dans les documents des Musées protestants y ont été recensés.

La Société de l’Histoire du Protestantisme Français publie, depuis 1852 des bulletins historiques. Un index de noms permet de retrouver facilement les articles citant tel ou tel personnage.

Nous avons mis deux listes en ligne, constituées à partir des sources en notre possession : la liste des galériens pour la foi, et la liste des prisonnières huguenotes de la Tour de Constance.

Pour en savoir plus sur ce sujet, visitez également ce site : http://huguenots-france.org/

En anglais : http://www.genealogyforum.com/gfaol/internet/Huguenot.htm

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Édit de Nantes (1598)

HENRY par la grâce de Dieu roi de France et de Navarre A tous présents et à venir. Salut.

Entre les grâces infinies qu’il a plu à Dieu nous départir, celle est bien des plus insignes et remarquables de nous avoir donné la vertu et la force de ne céder aux effroyables troubles, confusions et désordres qui se trouvèrent à notre avènement à ce royaume, qui était divisé en tant de parts et de factions que la plus légitime en était quasi la moindre, et de nous être néanmoins tellement roidis contre cette tourmente que nous l’ayons enfin surmontée et touchions maintenant le port de salut et repos de cet État. De quoi à lui seul en soit la gloire tout entière et à nous la grâce et l’obligation qu’il se soit voulu servir de notre labeur pour parfaire ce bon oeuvre. Auquel il a été visible à tous si nous avons porté ce qui était non seulement de notre devoir et pouvoir, mais quelque chose de plus qui n’eût peut-être pas été en autre temps bien convenable à la dignité que nous tenons, que nous n’ avons plus eu crainte d’y exposer puisque nous y avons tant de fois et si librement exposé notre propre vie.

Et en cette grande concurrence de si grandes et périlleuses affaires ne se pouvant toutes composer tout à la fois et en même temps, il nous a fallu tenir cet ordre d’entreprendre premièrement celles qui ne se pouvaient terminer que par la force et plutôt remettre et suspendre pour quelque temps les autres qui se devaient et pouvaient traiter par la raison et la justice, comme les différends généraux d’entre nos bons sujets et les maux particuliers des plus saines parties de l’État que nous estimions pouvoir bien plus aisément guérir, après en avoir ôté la cause principale qui était en la continuation de la guerre civile. En quoi nous étant, par la grâce de Dieu, bien et heureusement succédé, et les armes et hostilités étant du tout cessées en tout le dedans du royaume, nous espérons qu’il nous succédera aussi bien aux autres affaires qui restent à y composer et que, par ce moyen, nous parviendrons à l’établissement d’une bonne paix et tranquille repos qui a toujours été le but de tous nos voeux et intentions et le prix que nous désirons de tant de peines et travaux auxquels nous avons passé ce cours de notre âge.

Entre les affaires auxquelles il a fallu donner patience et l’une des principales ont été les plaintes que nous avons reçues de plusieurs de nos provinces et villes catholiques de ce que l’exercice de la religion catholique n’était pas universellement rétabli comme il est porté par les édits ci-devant faits pour la pacification des troubles à l’occasion de la religion. Comme aussi les supplications et remontrances qui nous ont été faites par nos sujets de la religion prétendue réformée, tant sur l’inexécution de ce qui leur est accordé par ces édits que sur ce qu’ils désireraient y être ajouté pour l’exercice de leur dite religion, la liberté de leurs consciences, et la sûreté de leurs personnes et fortunes, présumant avoir juste sujet d’en avoir nouvelles et plus grandes appréhensions à cause de ces derniers troubles et mouvements dont le principal prétexte et fondement a été sur leur ruine. A quoi, pour ne nous charger de trop d’ affaires tout à la fois, et aussi que la fureur des armes ne compatisse point à l’établissement des lois, pour bonnes qu’elles puissent être, nous avons toujours différé de temps en temps de pourvoir. Mais maintenant qu’il plaît à Dieu commencer à nous faire jouir de quelque meilleur repos, nous avons estimé ne le pouvoir mieux employer qu’à vaquer à ce qui peut concerner la gloire de son saint nom et service et à pourvoir qu’il puisse être adoré et prié par tous nos sujets et s’ il ne lui a plu permettre que ce soit pour encore en une même forme et religion, que ce soit au moins d’une même intention et avec telle règle qu’il n’y ait point pour cela de trouble et de tumulte entre eux, et que nous et ce royaume puissions toujours mériter et conserver le titre glorieux de Très chrétiens qui a été par tant de mérites et dès si longtemps acquis, et par même moyen ôter la cause du mal et troubles qui peut advenir sur le fait de la religion qui est toujours le plus glissant et pénétrant de tous les autres.

Pour cette occasion, ayant reconnu cette affaire de très grande importance et digne de très bonne considération, après avoir repris les cahiers des plaintes de nos sujets catholiques, ayant aussi permis à nos sujets de la religion prétendue réformée de s’assembler par députés pour dresser les leurs et mettre ensemble toutes leurs remontrances et, sur ce fait, conféré avec eux par diverses fois, et revu les édits précédents, nous avons jugé nécessaire de donner maintenant sur le tout à tous nos sujets une loi générale, claire, nette et absolue, par laquelle ils soient réglés sur tous les différends qui sont ci-devant sur ce survenus entre eux, et y pourront encore survenir ci-après, et dont les uns et les autres aient sujet de se contenter, selon que la qualité du temps le peut porter. N’étant pour notre regard entrés en cette délibération que pour le seul zèle que nous avons au service de Dieu et qu’il se puisse dorénavant faire et rendre par tous nos dits sujets et établir entr’eux une bonne et perdurable paix.

Sur quoi nous implorons et attendons de sa divine bonté la même protection et faveur qu’il a toujours visiblement départie à ce royaume, depuis sa naissance et pendant tout ce long âge qu’il a atteint et qu’elle fasse la grâce à nos dits sujets de bien comprendre qu’en l’observation de cette notre ordonnance consiste, après ce qui est de leur devoir envers Dieu et envers nous, le principal fondement de leur union et concorde, tranquillité et repos, et du rétablissement de tout cet État en sa première splendeur, opulence et force. Comme de notre part nous promettons de la faire exactement observer sans souffrir qu’il y soit aucunement contrevenu.

Pour ces causes, ayant avec l’avis des princes de notre sang, autres princes et officiers de la Couronne et autres grands et notables personnages de notre Conseil d’État étant près de nous, bien et diligemment pesé et considéré toute cette affaire, avons, par cet Édit perpétuel et irrévocable, dit, déclaré et ordonné, disons, déclarons et ordonnons :

I Premièrement, que la mémoire de toutes choses passées d’une part et d’autre, depuis le commencement du mois de mars 1585 jusqu’à notre avènement à la couronne et durant les autres troubles précédents et à leur occasion, demeurera éteinte et assoupie, comme de chose non advenue. Et ne sera loisible ni permis à nos procureurs généraux, ni autres personnes quelconques, publiques ni privées, en quelque temps, ni pour quelque occasion que ce soit, en faire mention, procès ou poursuite en aucunes cours ou juridictions que ce soit.

II Défendons à tous nos sujets, de quelque état et qualité qu’ils soient, d’en renouveler la mémoire, s’attaquer, ressentir, injurier, ni provoquer l’un l’autre par reproche de ce qui s’est passé, pour quelque cause et prétexte que ce soit, en disputer, contester, quereller ni s’outrager ou s’offenser de fait ou de parole, mais se contenir et vivre paisiblement ensemble comme frères, amis et concitoyens, sur peine aux contrevenants d’être punis comme infracteurs de paix et perturbateurs du repos public.

III Ordonnons que la religion catholique, apostolique et romaine sera remise et rétablie en tous les lieux et endroits de cestui notre royaume et pays de notre obéissance où l’exercice d’icelle a été intermis pour y être paisiblement et librement exercé sans aucun trouble ou empêchement. Défendant très expressément à toutes personnes, de quelque état, qualité ou condition qu’elles soient, sur les peines que dessus, de ne troubler, molester ni inquiéter les ecclésiastiques en la célébration du divin service, jouissance et perception des dîmes, fruits et revenus de leurs bénéfices, et tous autres droits et devoirs qui leur appartiennent ; et que tous ceux qui, durant les troubles, se sont emparés des églises, maisons, biens et revenus appartenant auxdits ecclésiastiques et qui les détiennent et occupent, leur en délaissent l’entière possession et paisible jouissance, en tels droits, libertés et sûretés qu’ils avaient auparavant qu’ils en fussent dessaisis. Défendant aussi très expressément à ceux de ladite religion prétendue réformée de faire prêches ni aucun exercice de ladite religion ès églises, maisons et habitations desdits ecclésiastiques.

IV Sera au choix de ces ecclésiastiques d’acheter les maisons et bâtiments construits aux places profanes sur eux occupées durant les troubles, ou contraindre les possesseurs desdits bâtiments d’acheter le fonds, le tout suivant l’estimation qui en sera faite par experts dont les parties conviendront ; et à faute d’en convenir, leur en sera pourvu par les juges des lieux, sauf auxdits possesseurs le recours contre qui il appartiendra. Et [au cas] où lesdits ecclésiastiques contraindraient les possesseurs d’ acheter le fonds, les deniers de l’estimation ne seront mis en leurs mains ains [mais] demeureront lesdits possesseurs chargés pour en faire profit à raison du denier vingt jusqu’à ce qu’ils aient été employés au profit de l’Église, ce qui se fera dans un an, et [au cas] où ledit temps passé, l’acquéreur ne voudrait plus continuer ladite rente, il en sera déchargé, en consignant les deniers entre les mains de personne solvable avec l’autorité de la justice. Et pour les lieux sacrés, en sera donné avis par les commissaires qui seront ordonnés pour l’exécution du présent Édit, pour sur ce y être par nous pourvu.

V Ne pourront toutefois les fonds et places occupés pour les réparations et fortifications des villes et lieux de notre royaume, et les matériaux y employés, être revendiqués ni répétés [réclamés] par les ecclésiastiques ou autres personnes publiques ou privées, que lorsque lesdites réparations et fortifications seront démolies par nos ordonnances.

VI Et pour ne laisser aucune occasion de troubles et différends entre nos sujets, avons permis et permettons à ceux de ladite religion prétendue réformée vivre et demeurer par toutes les villes et lieux de cestui notre royaume et pays de notre obéissance, sans être enquis, vexés, molestés ni astreints à faire chose pour le fait de la religion contre leur conscience, ni pour raison d’icelle être recherchés dans les maisons et lieux où ils voudront habiter, en se comportant au reste selon qu’il est contenu en notre présent Édit.

VII Nous avons aussi permis à tous seigneurs, gentilshommes et autres personnes, tant régnicoles qu’autres, faisant profession de la religion prétendue réformée, ayant en notre royaume et pays de notre obéissance haute justice ou plein fief de haubert, comme en Normandie, soit en propriété ou usufruit, en tout ou par moitié ou pour la troisième partie, avoir en telle de leurs maisons desdites hautes justices ou fiefs susdits, qu’ils seront tenus nommer devant nos baillis et sénéchaux, chacun en son détroit, pour leur principal domicile l’exercice de ladite religion, tant qu’ils y seront résidents, et en leur absence, leurs femmes ou bien leur famille ou partie d’icelle. Et encore [en cas] que le droit de justice ou plein fief de haubert soit controversé, néanmoins l’exercice de ladite religion y pourra être fait, pourvu que les dessusdits soient en possession actuelle de ladite haute justice, encore que notre procureur général soit partie. Nous leur permettons aussi avoir ledit exercice en leurs autres maisons de haute justice ou fiefs susdits de haubert tant qu’ils y seront présents et non autrement, le tout tant pour eux, leur famille, sujets, qu’autres qui y voudront aller.

VIII Es maisons des fiefs où ceux de ladite religion n’auront ladite haute justice ou fief de haubert, ne pourront faire ledit exercice que pour leur famille tant seulement. N’entendons toutefois, s’il y survenait d’autres personnes jusqu’au nombre de trente, outre leur famille, soit à l’occasion des baptêmes, visites de leurs amis, ou autrement, qu’ils en puissent être recherchés, moyennant aussi que lesdites maisons ne soient au dedans des villes, bourgs ou villages appartenant aux seigneurs hauts justiciers catholiques autres que nous esquels lesdits seigneurs catholiques ont leurs maisons. Auquel cas, ceux de ladite religion ne pourront dans lesdits villes, bourgs ou villages, faire ledit exercice, si ce n’est par permission et congé desdits seigneurs hauts justiciers, et non autrement.

IX Nous permettons aussi à ceux de ladite religion faire et continuer l’exercice d’icelle en toutes les villes et lieux de notre obéissance où il était par eux établi et fait publiquement par plusieurs et diverses fois en l’année 1596 et en l’année 1597, jusqu’à la fin du mois d’août, nonobstant tous arrêts et jugements à ce contraires.

X Pourra semblablement cet exercice être établi et rétabli en toutes les villes et places où il a été établi ou dû être par l’édit de pacification fait en l’année 1577, articles particuliers et conférences de Nérac et Fleix, sans que ledit établissement puisse être empêché ès lieux et places du domaine donnés par ledit édit, articles et conférences, pour lieux de bailliages ou qui le seront ci-après, encore qu’ils aient été depuis aliénés à personnes catholiques ou le seront à l’avenir. N’entendons toutefois que ledit exercice puisse être rétabli dans ès lieux et places dudit domaine qui ont été cidevant possédés par ceux de ladite religion prétendue réformée, esquels il aurait été mis en considération de leurs personnes ou à cause du privilège des fiefs, si lesdits fiefs se trouvent à présent possédés par personnes de ladite religion catholique, apostolique et romaine.

XI Davantage, en chacun des anciens bailliages, sénéchaussées et gouvernements tenant lieu de bailliage, ressortissant nuement et sans moyen ès cours de parlement, nous ordonnons qu’ès faubourgs d’une ville, outre celles qui leur ont été accordées par ledit Édit, articles particuliers et conférences, et [au cas] où il n’y aurait des villes, en un bourg ou village l’exercice de ladite religion prétendue réformée se pourra faire publiquement pour tous ceux qui y voudront aller, encore qu’esdits bailliages, sénéchaussées et gouvernements il y ait plusieurs lieux où l’exercice soit à présent établi, fors et excepté pour ledit lieu de bailliage nouvellement accordé par le présent Édit, les villes esquelles il y a archevêché et évêché, sans toutefois que ceux de ladite religion prétendue réformée soient pour cela privés de ne pouvoir demander et nommer pour ledit lieu d’exercice les bourgs et villages proches desdites villes, excepté aussi les lieux et seigneuries appartenant aux ecclésiastiques, esquelles nous n’entendons que ledit second lieu de bailliage puisse être établi, les en ayant de grâce spéciale exceptés et réservés. Voulons et entendons sous le nom d’ anciens bailliages parler de ceux qui étaient du temps du feu roi Henry notre très-honoré seigneur et beau-père, tenus pour bailliages, sénéchaussées et gouvernements ressortissants sans moyen en nosdites cours.

XII N’entendons par le présent Édit déroger aux édits et accords ci-devant faits pour la réduction d’aucuns princes, seigneurs, gentilshommes et villes catholiques en notre obéissance, en ce qui concerne l’exercice de ladite religion, lesquels édits et accords seront entretenus et observés pour ce regard selon qu’il sera porté par les instructions des commissaires qui seront ordonnés pour l’exécution du présent Édit.

XIII Défendons très expressément à tous ceux de ladite religion faire aucun exercice d’icelle tant pour le ministère, règlement, discipline ou instruction publique d’enfants et autres, en cestui notre royaume et pays de notre obéissance, en ce qui concerne la religion, fois qu’ès lieux permis et octroyés par le présent Édit.

XIV Comme aussi de faire aucun exercice de ladite religion en notre Cour et suite, ni pareillement en nos terres et pays qui sont delà les monts, ni aussi en notre ville de Paris, ni à cinq lieues de ladite ville. Toutefois ceux de ladite religion demeurant esdites terres et pays de delà les monts, et en notre ville, et cinq lieues autour d’icelle, ne pourront être recherchés en leurs maisons, ni astreints à faire chose pour le regard de leur religion contre leur conscience, en se comportant au reste selon qu’il est contenu en notre présent Edit.

XV Ne pourra aussi l’exercice public de ladite religion être fait aux armées, sinon aux quartiers des chefs qui en feront profession, autres toutefois que celui où sera le logis de notre personne.

XVI Suivant l’article deuxième de la conférence de Nérac, nous permettons à ceux de ladite religion de pouvoir bâtir des lieux pour l’exercice d’icelle, aux villes et places où il leur est accordé, et leur seront rendus ceux qu’ils ont cidevant bâtis ou le fonds d’iceux, en l’état qu’il est à présent, même ès lieux où ledit exercice ne leur est permis, sinon qu’ils eussent été convertis en autre nature d’édifices. Auquel cas leur seront baillés par les possesseurs desdits édifices, des lieux et places de même prix et valeur qu’ils étaient avant qu’ils y eussent bâti, ou la juste estimation d’iceux à dire d’experts, sauf auxdits propriétaires et possesseurs leurs recours contre qui il appartiendra.

XVII Nous défendons à tous prêcheurs lecteurs, et autres qui parlent en public, user d’aucunes paroles, discours et propos tendant à exciter le peuple à sédition. Ains [mais] leur avons enjoint et enjoignons de se contenir et comporter modestement et de ne rien dire qui ne soit à l’instruction et édification des auditeurs et à maintenir le repos et tranquillité par nous établie en notredit royaume sur les peines portées par nos précédent édits. Enjoignant très expressément à nos procureurs généraux et leurs substituts d’informer d’office contre ceux qui y contreviendront, à peine d’en répondre en leurs propres et privés noms, et de privation de leurs offices.

XVIII Défendons aussi à tous nos sujets, de quelque qualité et condition qu’ils soient, d’enlever par force ou induction, contre le gré de leurs parents, les enfants de ladite religion pour les faire baptiser ou confirmer en l’Église catholique, apostolique et romaine. Comme aussi mêmes défenses sont faites à ceux de ladite religion prétendue réformée, le tout à peine d’être punis exemplairement.

XIX Ceux de ladite religion prétendue réformée ne seront aucunement astreints ni demeureront obligés pour raison des abjurations, promesses et serments qu’ils ont ci-devant faits, ou cautions par eux baillées concernant le fait de ladite religion et n’en pourront être molestés ni travaillés en quelque sorte que ce soit.

XX Seront tenus aussi garder et observer les fêtes indictes en l’Église catholique, apostolique et romaine, et ne pourront ès jours d’ icelles besogner, vendre ni étaler à boutiques ouvertes, ni pareillement les artisans travailler hors leurs boutiques et en chambres et maisons fermées, esdits jours de fêtes et autres jours défendus, en aucun métier dont le bruit puisse être entendu au dehors des passants ou des voisins, dont la recherche néanmoins ne pourra être faite que par les officiers de la justice.

XXI Ne pourront les livres concernant ladite religion prétendue réformée être imprimés et vendus publiquement qu’ès villes et lieux où l’exercice public de ladite religion est permis. Et pour les autres livres qui seront imprimés ès autres villes, seront vus et visités, tant par nos officiers que théologiens, ainsi qu’il est porté par nos ordonnances. Défendant très expressément l’impression, publication et vente de tous livres, libelles et écrits diffamatoires, sur les peines contenues en nos ordonnances, enjoignant à tous nos juges et officiers d’y tenir la main.

XXII Ordonnons qu’il ne sera fait différence ni distinction, pour le fait de ladite religion, à recevoir les écoliers pour être instruits ès universités, collèges et écoles, et les malades et pauvres ès hôpitaux, maladreries et aumônes publiques.

XXIII Ceux de ladite religion prétendue réformée seront tenus garder les lois de l’Église catholique, apostolique et romaine, reçues en notre cestui royaume pour le fait des mariages contractés et à contracter ès degrés de consanguinité et affinité.

XXIV Pareillement, ceux de ladite religion payeront les droits d’entrée comme il est accoutumé pour les charges et offices dont ils seront pourvus, sans être contraints assister à aucunes cérémonies contraires à leurdite religion ; et étant appelés par serment, ne seront tenus d’en faire d’autre que de lever la main, jurer et promettre à Dieu qu’ils diront la vérité ; et ne seront aussi tenus de prendre dispense de serment par eux prêté en passant les contrats et obligations.

XXV Voulons et ordonnons que tous ceux de ladite religion prétendue réformée et autres qui ont suivi leur parti, de quelque état, qualité ou condition qu’ils soient, tenus et contraints par toutes voies dues et raisonnables et sous les peines contenues aux édits sur ce faits payer et acquitter les dîmes aux curés et autres ecclésiastiques, et à tous autres à qui elles appartiennent selon l’usage et coutume des lieux.

XXVI Les exhérédations ou privations, soit par disposition d’entre vifs ou testamentaires, faites seulement en haine ou pour cause de religion n’auront lieu tant pour le passé que pour l’avenir entre nos sujets.

XXVII Afin de réunir d’ autant mieux les volontés de nos sujets, comme est notre intention, et ôter toutes plaintes à l’ avenir, déclarons tous ceux qui font ou feront profession de ladite religion prétendue réformée capables de tenir et exercer tous états, dignités, offices et charges publiques quelconques, royales, seigneuriales, ou des villes de notredit royaume, pays, terres et seigneuries de notre obéissance, nonobstant tous serments à ce contraires, et d’être indifféremment admis et reçus en iceux et se contenteront nos cours de parlements et autres juges d’informer et enquérir sur la vie, moeurs, religion et honnête conversation de ceux qui sont ou seront pourvus d’offices, tant d’une religion que d’autre, sans prendre d’eux autre serment que de bien et fidèlement servir le Roi en l’exercice de leurs charges et garder les ordonnances comme il a été observé de tout temps. Advenant aussi vacation desdits états, charges et offices, pour le regard de ceux qui seront en notre disposition, il y sera par nous pourvu indifféremment, sans distinction de personnes capables, comme chose qui regarde l’union de nos sujets. Entendons aussi que ceux de ladite religion prétendue réformée puissent être admis et reçus en tous conseils, délibérations, assemblées et fonctions qui dépendent des choses dites dessus sans que pour raison de ladite religion ils en puissent être rejetés ou empêchés d’en jouir.

XXVIII Ordonnons pour l’enterrement des morts de ceux de ladite religion pour toutes les villes et lieux de ce royaume, qu’il leur sera pourvu promptement en chacun lieu par nos officiers et magistrats et par les commissaires que nous députerons à l’exécution de notre présent Édit d’une place la plus commode que faire se pourra. Et les cimetières qu’ils avaient par ci-devant et dont ils ont été privés à l’occasion des troubles leur seront rendus, sinon qu’ils se trouvassent à présent occupés par édifices et bâtiments, de quelque qualité qu’ils soient, auquel cas leur en sera pourvu d’autres gratuitement.

XXIX Enjoignons très expressément à nosdits officiers de tenir la main à ce qu’auxdits enterrements il ne se commette aucun scandale, et seront tenus dans quinze jours après la réquisition qui en sera faite, pourvoir à ceux de ladite religion de lieu commode pour lesdites sépultures sans user de longueur et remise, à peine de cinq cents écus en leur propres et privés noms. Sont aussi faites défenses, tant auxdits officiers que tous autres, de rien exiger pour la conduite desdits corps morts, sur peine de concussion.

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